tag:blogger.com,1999:blog-7310156134283777261.post5778406842950750408..comments2024-01-28T10:55:55.134+01:00Comments on Feu sur le quartier général!: Exergues possibles pour des mémoires désobligeants, 49Jérôme Leroyhttp://www.blogger.com/profile/12658941614607286284noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-7310156134283777261.post-71623852225676449952015-12-29T00:24:51.849+01:002015-12-29T00:24:51.849+01:00Se peindre, dans son cas, serait contre nature, sa...Se peindre, dans son cas, serait contre nature, sa nature. Se peindre : renoncer aux vies imaginaires, tracer des frontières, dessiner les barreaux d’une cage. S’il est l’autre, tant d’autres, toute présence qui l’entraîne au loin est la bienvenue. Au loin, en compagnie, voilà ce qu’il aime. En compagnie d’un ami, d’un drogman, d’un livre. Sylvain, Abdallah, ou Cazotte apportent leur propre matière et servent de truchement. Présence réelle ou resongée ou recopiée qui l’empêche de s’écouter écrire – il n’en a d’ailleurs pas le temps. Même quand elle se pose en description, sa prose a un air de paroles en voyage et de conversation. Impression qu’il ne confie tout ça, au fond, qu’à des amis. <br />Est-ce la proximité de la seconde personne, en un mot l’affection, qui ôte tout son poids à la première et lui confère sa transparence? « Je » est une digression comme une autre, une variation du chant général, un lieu de rendez-vous.<br /><br />Dresser l’inventaire de ses déplacements, la liste de ses logis, paraît chose infaisable (adjectif critiqué mais qu’il emploie). A l’époque de la Bohême, contrée de fantaisie qu’inventa Nodier et dont une des adresses fut 3 impasse du Doyenné, Gérard habita successivement avec Camille Rogier le peintre et Arsène Houssaye le pas-grand-chose. « C’était un locataire facile à vivre puisqu’il ne couchait jamais chez lui. » Où donc couchait-il ? Un peu plus loin.<br />Comme une hirondelle… Mais Gérard ne se peut poser ni reposer car sa belle, ou destinée, ne le permet pas.<br /><br />De l’enfance vient le goût des chansons. « Les vieilles ballades françaises », parues d’abord dans La Sylphide, seront incorporées, dix ans après, aux « Vieilles légendes françaises » dans La Bohême galante. C’est le premier éloge d’un poète à l’art poétique populaire, une Défense et illustration de ce que Gérard voit « de plus pur comme langue, et comme pensée ». Autrement dit, un modèle. Il s’en inspirera jusqu’à la plus haute branche.<br />C’est lui, écrit Robert Desnos dans le journal Le Soir en octobre 1928, c’est Gérard de Nerval, écrit-il dans les caractères fermes de l’imprimerie, qui « a décelé les trésors contenus dans les chansons populaires, anciennes ou nouvelles ».<br />Gérard entreprend donc une chose inouïe quand il entreprend de recueillir la «langue du berger, du marinier, du charretier qui passe», avec leurs « mots hasardés », leurs « tournures douteuses » et « liaisons de fantaisie » qui lui plaisent autant qu’elles plairont à Desnos.<br /><br />Florence Delay – Dit Nerval (folio, Gallimard 1999, Grand Prix du roman de la Ville de Paris 1999)<br />Michèle Pambrun-Paillardhttps://www.blogger.com/profile/09257517486237999556noreply@blogger.com