"Quand ce sera terminé je dirai,

Il y a eu de belles nuits.

Certaines ont le même goût

qu'a eu ma vie toute entière.

Comme cette nuit d'août

où un voisin m'a payée

Pour danser sur sa table de pique-nique.

La Voie Lactée comme une trainée

de fumée dans le ciel.

Moi, la bouche ouverte, de l'air

partout

et son visage éclairé et flottant

sur l'étoile d'une cigarette.

J'avais dix ans et jusqu'à maintenant

je ne me rendais pas compte

que j'étais nue."

Laura Kasischke, "Perte de vitesse." in Mariées Rebelles.

Quand on lit Mariées rebelles, on comprend enfin pourquoi la grande Laura Kasischke dit qu'elle a toujours voulu être d'abord reconnue pour sa poésie. Et pourtant, ses romans comme, par exemple, En un monde parfait ou Sa vie devant elle  me hantent encore.

"La nature imite l'art"

Un Staël émeraude, chaque matin, depuis une semaine. 

C'était bien, le monde, quand même.
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"Lorsque que j'eus refermé la lisière d'enfance dans mon dos

Et que deux tourterelles eurent emporté la clé de l'école

Les années filèrent leur sable en une seule grande plage

Je suis tout au bout à présent marchant contre les vagues,

Aperçu en diminution devant la toile de fond de l'espace."

Jacques Darras, "Jacques hors de la forêt"

On pourra voir  ici (clic) ce qui a été gentiment dit dans 20 minutes sur le dernier volume de notre saga postap!

Un grand merci!

Je n'aime décidément pas cette époque. Il n'est pas certain que j'en aurais aimé une autre. Mais tout de même.

Une époque qui se caractérise par une vilaine pulsion panoptique: la transparence, partout, tout le temps, comme dans Nous autres de Zamiatine, avec ses maisons de verre. Encore avait-on le droit, dans son cauchemar totalitaire, à tirer un rideau quelques heures de temps, pour se livrer à ses ébats. On n'en est plus là.

Merci à l'ami Camille B. qui s'est souvenu de ce passage d'Un peu tard dans la saison, en 2017.

"Avant, l'homme était un loup pour l'homme, maintenant, c'est une caméra.
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"Après cinquante étés, ou dix mille heures, de bains de soleil dans divers pays, sur des plages, des bancs, des toits, des ponts de bateau, des corniches, des gazons, des rochers, des planches et des balcons, j'aurais pu être incapable de me rappeler les détails sensoriels de mon noviciat si je n'avais eu ces vieilles notes, qui sont un tel réconfort pour un mémorialiste pédant au fil de la narration de ses maladies, de ses mariages et de sa vie littéraire.

Donc, on avait lu cela en Terminale. Qui nous l'avait conseillé? Allez savoir. C'était une époque primitive, sans réseaux sociaux mais assez étrangement, on se parlait beaucoup. Ce fut un choc. Pas une révélation, mais un choc. Je dus faire un effort pour aller jusqu'au bout, non pas à cause de la lisibilité ou si peu, mais à cause de la violence de l'expérience. Il faut dire que le texte, en sept chants, n'était pas aimable. Il était somptueux, mais pas aimable.
2

La jeunesse ne prouve rien. Elle ne donne aucune supériorité ontologique. On peut être jeune et très con. Je le pensais déjà quand j’avais quinze ans et que dans cette classe de seconde C en 1980, pourtant bien fréquentée au lycée Corneille de Rouen, nous n’étions plus que deux à penser quelque chose, ou à essayer. Il était royaliste tendance Action Française et moi communiste tendance Rosa Luxemburg.
2

La fatigue et l’insomnie

Seraient tout de même plus jolies

En entendant dans la nuit

Une rivière qui chante et bruit

©jeromeleroy2020
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