je crois aux refrains

et à la chaleur du 

hublot sur ma tempe

endormie au-dessus

d'une crème dorée

froide et pure

je crois aux refrains

et désormais 

c'est à peu près tout

je crois.

le bleu vaporisé

des aéroports hivernaux

cache des jeunes femmes

encore endormies

dans une Suisse

à douceur de couette.

"Elle rentre tard, elle met des lunettes fumées, elle dit: je vais au cinéma.

Avant de partir pour de bon, elle a préparé à manger au chien et, tout le temps que cuit la soupe, tourné le dos à la cuisine.

Sur la table, le litre de rouge et le verre.

"Elle a de jolies jambes et je n'écoute pas ce qu'elle me dit. Des avions passent, un nuage. Elle avait rêvé d'une autre vie et je regarde derrière son dos un paysage à l'aquarelle. Sa jupe est mauve, ses seins légers sous son corsage. Je ne peux rien pour ses rêves et l'autobus vient à six heures.

Ils ne sont pas très nombreux, mais tout de même, ils sont là ceux qui n'ont pas pu empêcher de laisser suinter leur mépris de classe pour les gilets jaunes, surtout depuis que le mouvement semble en décrue et du coup, leur fait moins peur. Ils haussent à nouveau le ton. On les trouve, hélas,  surtout dans un certain milieu intellectuel privilégié qui a même pu se targuer d'être social-démocrate  en oubliant le sens originel de ce mot.

il n'y avait que dans ces siestes

qui compensaient les insomnies

ces siestes qui étaient 

comme des plongées brèves

à de très grandes profondeurs

-de trop grandes qui sait-

qu’il rêvait de nouveau

dans une précision déchirante

à des villes la nuit

composites et désertes

(ce fut cette fois-ci

lisbonne pour le rossio,

tubingen pour les façades,

paris pour les passages

kiel pour la baltique bleue)

où après de longues hésitations

on embrasse dans un bonheur fou

les filles connues il

C'est amusant, c'est rassurant, c'est incroyablement réconfortant: un seul tableau peut justifier de s’être encore prêté au triste jeu de vivre dans ce monde-là et racheter toute une année. Un seul tableau dans un immense musée, désert ou presque, qui nous  surprend, nous ravit, nous inonde d’une joie inexplicable, comme une infusion de Grâce pour reprendre les termes des anciens théologiens.

La clarté exigée par la délicieuse LaVern Baker, qui est l'égale d'une Etta James, ne peut pas faire de mal. Il faudrait tout de même un peu s'y retrouver dans cette indécidable fin d'année sur fond jaune, et puis aussi savoir où en est avec la fin du monde en cours.

"Quand à la vie intérieure du bonhomme, aussi longtemps que j'en serai le maître,  je ne lui permettrai que trois états: fatigue, ivresse ou rêverie."

André Pieyre de Mandiargues, "Rodogune" in Feu de braise.

La stratégie du choc, encore une fois.

Je n’aurais pas dû. Je n’aurais pas dû en ce dimanche 16 décembre zapper sur les chaînes d’infos continues. Elles se ressemblent toutes : CNews, LCI, BFM et même France Info. Les mêmes têtes de morts d’éditorialistes médiatiques avaient du mal à cacher leur joie trouillarde devant la mobilisation moindre de l’acte V des Gilets jaunes.
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